Les compagnons de Charmes

LA REVOLUTION DE 1789

 

La Grande Révolution semble avoir fait peu de bruit à Charmes.

Tandis que l'orage gronde à Valence et à Saint-Péray,le curé Limousin, réfractaire, se cache comme il peut. ll fut recueilli par

son collègue plus favorisé de Saint-Romain-de-Lerps ou la population les ravitaillait.

ll y eut des litiges pour désigner l’emplacement des Assemblées primaires ou pour la répartition des paroisses dans les

cantons.

Beauchastel ne voulait à aucun prix se réunir à Charmes.

Dans le village, les animosités particulières avaient tellement divisé Ies esprits qu’il fallut dissoudre l‘assemblée. Les paysans avaient pénétré dans l’église avec des pistolets et des poignards, et ce ne fut pas sans peine qu’on parvint in désarmer

quelques énergumènes.

En 1793, le curé Limousin, réfractaire est condamné à la déportation par le Tribunal criminel de Privas.

(Jolivet, p. 180.)

Le 4 thermidor An lll (1795), Duplantier est maire:Fabry est procureur de Charmes: Raynaud est fabricant de soie; Ducros est notaire.

L'AFFAIRE DE CHARMES

                                         Préface
     L'affaire de Charmes ! C'est une bien ténébreuse affaire, une affaire au ton presque balzacien sur laquelle la plupart des paisibles habitants actuels de cette localité rhodanienne aurait bien été en peine, avant la commémoration du Bicentenaire de la Révolution, de donner quelque information et dont l'histoire nous est restituée dans le présent livre.

 

C'est en ouvrant un dossier des Archives départementales de l'Ardèche consacré à la commune de Charmes qu'un groupe de chercheurs de celle-ci «découvrit» l'affaire de Charmes : lettres de Menet, mémoires et défenses de Ducros... Mais ce dossier n'apportait pas le point final de l'affaire et s'arrêtait avec l'emprisonnement de Menet au château de Beauregard. Il fallait donc poursuivre ! C'était le début d'une aventure collective, à travers laquelle chaque pièce d'archives retrouvée semblait, à deux siècles de distance, rapprocher du but.
     Rien ne prédisposait, en apparence, le village de Charmes, peuplé essentiellement d'agriculteurs, à être le théâtre d'un drame. Il n'y avait pas en effet de tension particulière avec le seigneur, lointain et déjà délesté d'une bonne part de ses droits, ni avec de grands propriétaires ecclésiastiques. La sourde hostilité opposant Ducros, jeune notaire descendu de Boffres pour s'installer à Charmes, à l'avocat Menet n'était-elle que la rencontre de deux ambitions rivales d'hommes appartenant au même groupe social, la bourgeoisie rurale vivant du droit et de la terre ? Ducros, en effet, comme bien des révolutionnaires ardents, était paradoxalement, sous l'Ancien Régime, un «profiteur» de la féodalité, en tant qu'administra-teur-fermier des biens des comtes de Crussol tandis que Menet vivait en partie de la chicane et destinait son fils au notariat. Sans doute les procès entre les deux hommes avaient-ils exacerbé leurs passions, ces procès qui, comme le rappelle un proverbe ardéchois cité par G. Massot, se multiplient si aisément :
     «Lo malur, dins los procès,
     Es que d'un, ne'n sort très»
     Le malheur dans les procès,
     C'est que d'un, il en sort trois.
    

        On devine certes, à travers la violence des plaidoyers des adversaires, les susceptibilités blessées, les rancunes accumulées... mais tout cela explique-t-il l'exécution simultanée à Lyon de Menet et de Limozin, curé de la paroisse, le 26 Ventôse an II ? Si on connaît les 57 motifs d'incarcération invoqués par son ennemi Ducros, comme si leur nombre devait compenser leur légèreté, on est dans l'ignorance des chefs d'inculpation invoqués par le Tribunal de Lyon, aussi bien pour Menet que pour Limozin. Si l'on ajoute que ces deux personnages, n'ayant rien à voir avec la ville de Lyon, n'auraient pas dû être jugés par le tribunal révolutionnaire de cette ville, on garde l'impression qu'il y a encore un mystère de l'affaire de Charmes. Mais celle-ci n'est pas close à Lyon et le lecteur aura encore quelques surprises !
    

Une dynamique de la recherche s'est créée à Charmes, une pièce fort enlevée a révélé l'«affaire» à ses habitants étonnés et ravis. Remercions chercheurs et auteurs réunis autour de Jean-Yves Bois d'avoir su restituer l'événement à leurs concitoyens et d'avoir conclu leur quête en laissant l'ouvrage imprimé qui pérennisera le Bicentenaire de la Révolution à Charmes.
                                                   

  Dominique DUPRAZ

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