Hôtel des Baillis

Historique de l'Hôtel des baillis

 

La seigneurie de Crussol était administrée primitivement par un châtelain, administrateur civil et militaire; au fil du temps son rôle se dédoubla et un bailli fut chargé de l'intendance civile de cette tentaculaire seigneurie qui s'étendait sur une quinzaine de clochers. Elle fut dans un premier temps basée à St Péray, mais très vite, vers 1520, un bâtiment fut construit à Charmes, hors les murs, entre le vieux village et le quartier du péage, pour abriter cette nouvelle administration. Ce bâtiment prit le nom d'hôtel des Baillis.

 

Les deux fenêtres actuelles en arc de cercle inégales rappelant l'art roman étaient à l'origine une porte étroite et une fenêtre. Si cette dernière donnait du jour à la grande salle voûtée, la porte accolée permettait un accès direct du public à cette grande salle voûtée qui était la salle d'audience des baillis. Cette porte étroite facile à surveiller, permettait d'éviter les mouvements de foule. Dans cette salle se réglaient les litiges entre l'administration seigneuriale et les manants.

 

La porte d'entrée particulière des baillis était côté jardin ou côté place des Bourreaux, qui devint un siècle plus tard "place du carcan" pour devenir de nos jours "place Symphorien Turc" dernier occupant marquant de cette bâtisse. Les extensions successives du bâtiment côté ouest en remontant la rue des baillis, occasionnèrent l'allongement de la façade primitive de l'hôtel. Une modification d'accès fut nécessaire d'où l'ouverture de la porte de style Restauration ou Louis-Philippe.

 

A noter que la différence de niveau entre les deux ouvertures est significative de l'élévation de la rue de 30 cm. Ceci est classique pour les anciennes rues en pente qui amenaient toutes sortes de gravats et terre lors des gros orages.

 

De 1530 à 1546, Maître Mathieu Rostain fut semble-t-il le premier à occuper cette maison, puis Jean Faure de 1547 à 1568, Guillaume de la Selve de 1568 à 1573, Jean Barruel de 1573 à 1576, ainsi de suite jusqu'en 1649 où Claude de la Motte sieur de Collonge prend les fonctions de bailli mais à St Peray.

 

Pendant un peu plus d'un siècle, Charmes a eu le baillage de la comté de Crussol et son château était la prison de la même comté (jusqu'à la réhabilitation du château de Beauregard à St Péray en prison).

 

Ce petit domaine deviendra ensuite privé. C'est la période où cette bâtisse fut prolongée en partie vers l'ouest.

 

Nous la voyons vers 1780 sur un dessin du cartographe Grandvoinet avec son imposant verger.

 

A la période révolutionnaire, cette demeure fut occupée par une personne qui joua un rôle important à Charmes le docteur Symphorien Turc.

 

Ce sont les papiers du curé Malosse qui nous renseignent jusqu'à la période moderne :

 

 

 

            "Les Mimosas" appartenaient à madmoiselle Turc ainsi que du terrain s'étendant jusqu'au Rhône"….

 

Mlle Turc avait décidé de vendre la maison des Mimosas à une famille Martin professeurs l'un et l'autre à Marseille, l'acte était même signé, mais elle s'était réservée au moment de l'acte le temps de huit jours pour réfléchir. A l'expiration de ce délai elle décida de ne plus vendre la maison et l'enclos des Mimosas. L'acte étant passé à La Voulte, elle s'y rendait pour casser cet acte, mais au départ de Charmes elle se fit écraser par le train. L'acte étant valable, la maison revint aux Martins. Plus tard, cette famille vendit la maison et son enclos à mlle Paradon, diaconesse protestante qui devint ainsi propriétaire à la fois de l'Hôtel des Eaux Vives et des Mimosas. Le neveu de mlle Paradon hérita et de l'un et de l'autre. Mais la chose se gaspilla… 

 

 

 

Texte Alain SAINT ANDRE